samedi 30 mai 2015

"Otto Pont " déposé. La fin d'un empereur havrais de l'automobile. Autopont Le Havre.

                                                                             
 
L'autopont du Havre va bientôt disparaître. Il avait  un air terrible des trente glorieuses, cette période économique florissante. De facture assez sobre, il remplissait de manière correcte ses fonctions. Solide, il a peu subi l'usure des milliers d'automobiles qui l'ont emprunté. Il avait le tort cruel de ne pas permettre aux piétons et aux cyclistes de l'emprunter. Certes il n'était pas large et il valait mieux tenir correctement sa voiture quand on circulait dessus. On risquait vite l'accident. L'autopont donnait une impression de fête foraine de la voiture havraise. Il formait une sorte de jeu en offrant un changement de type de route et une sensation de légèreté au conducteur. Retrouvait-on les sentiments d'enfance du jouet de circuit automobile en empruntant cette structure ? 
 
En montant aux archives, je me suis amusé à regarder un dossier qui concerne cet ouvrage. On y trouve la convention concernant la construction de l'autopont entre la SNCF, l'Etat et la Ville du Havre.
 
L'autopont a, d'après la convention enregistrée à la sous-préfecture du Havre le 12 juillet 1972, une longueur de 461,18 mètres et une largeur de 7 mètres. Une délibération du Conseil municipal du Havre du 28 février 1972 évoque, quant à elle, une longueur d'environ 487 mètres soit près de 25 mètres de plus que le projet initial de la convention. Les travaux ont-il obligé à étendre la longueur de l'autopont ou s'agit-il d'une erreur ou d'une façon particulière de mesurer de la Ville ? C'est à éclaircir.
 
L'autopont, dans le projet de convention , comprend  seize travées. Celle qui  enjambe la voie SNCF a une portée de 30,80 mètres. Il était métallique et démontable dès l'origine. Dans la convention,  c'est l'Etat qui prévoyait le franchissement de la ligne de chemins de fer et de la route nationale 82.

Les appuis des travées sont en dehors du terrain SNCF. On sent bien là que la compagnie ferroviaire défendait ses intérêts et son territoire. On ne mélange pas le train et la voiture. La ville du Havre et la SNCF n'avaient pas toujours des relations très amicales en ce qui concerne les relations entre transports routiers et ferroviaires. On trouve ainsi trace dans un autre dossier d'un conflit à propos du quai Colbert où les rails de chemins de fer causaient des soucis à la circulation. L'opinion dominante à cette époque à la mairie consistait à croire que le nombre de véhicules continuerait à croître sans arrêt.
 
C'est la Direction Départementale de l'Equipement qui réalisa les travaux. L'autopont fut remis à la Ville ensuite. Elle fut chargée de son entretien.

A la lecture de la convention, il semble qu'il y ait eu, à cette époque, d'intenses débats à propos du gardiennage de nuit du passage à niveau. La création de l'autopont entraînait un nouvel aménagement du passage à niveau avec des demi-barrières et devait entraîner, en principe, la fin du gardiennage de nuit de cet équipement. Je comprends mieux désormais pourquoi le passage à niveau était fermé la nuit dans ce secteur! L'autopont était sensé permettre le franchissement des voitures nuit et jour. La SNCF économisa en matière de frais de personnel... Au lieu de trois personnes chargées du gardiennage il n'y en aurait plus que deux qui oeuvreraient dans la journée à ce passage à niveau. C'est tout de même un conseil municipal communiste qui acceptait cela !
 
J'ai souvent fréquenté le secteur mais je ne me souviens plus si les piétons avaient le droit de franchir le passage à niveau la nuit.
 
Cette documentation sur l'autopont sera peut-être complétée si elle intéresse des personnes.  
 
Source
Archives municipales du Havre
Fonds contemporain Série 02 Carton 53 Liasse 9

3 commentaires:

DAN a dit…

Il est fort probable que les piétons ne se préoccupaient pas de savoir si, la nuit, le passage était autorisé ou non pour eux, ils passaient en regardant quand même si un train n’était pas en vue. Quant à cet autopont il représente un symbole des 30 glorieuses où l’automobile était reine, mais pourquoi à l’origine ne pas l’avoir aménagé pour les piétions ? sans doute faut-il y voir le fait que ces derniers pouvaient fort bien aller du nord au sud et inversement en restant au niveau de la rue.
Quant à la distance exacte de cet ouvrage, sans doute faut-il y voir que n’est compté n’est compté que le pont par lui-même, et, de l’autre, les nécessaires rampes d’accès dont l’assise est sur le sol lui-même et donc ne faisaient pas vraiment partie de l’ouvrage.
Franchement on ne peut regretter cette liaison ; conçue pour ne pas durer elle n’avait, de ce fait aucune esthétique.
Espérons que le nouvel ouvrage qui le remplacera s’insérera mieux dans le tissu urbain que cet autopont, en tous cas on pourra y faire des photographies, car je me souviens qu’avec l’autopont j’avais demandé à un ami de rouler très doucement dessus, un jour où la circulation n’était pas très dense, afin que je puisse faire des photos du haut de cet ouvrage vitre ouvertes et debout dans la bagnole, car malheureusement interdit aux piétons il n’était pas possible d’y accéder.

phyll a dit…

pour une fois, je ne regretterai pas la disparition de cet ouvrage (pas très beau, il faut l'avouer) mais bon, c'était bien pratique.... d'après les projets que j'ai vu (dan LH Océane) le nouveau pont devrait être plus esthétique et ouvert aux piétons !
affaire à suivre.......

Anonyme a dit…


En tous cas, je n'y suis pour rien.
Qu'on ne vienne surtout pas me chercher noise.
Ni fleurs ni couronnes, ce pont était vraiment moche.
Otto, Pont sain d'Esprit.