mercredi 16 septembre 2009

Agglomérations en Normandie : vers une extension...


Le rapport de la Commission Balladur ( du comité de réfléxion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Vème République ) et le rapport du Sénateur Belot (rapport final de la mission sénatoriale sur l'organisation et l'évolution des collectivités territoriales, présenté le 17 juin 2009 ) indiquent qu'une évolution sensible de l'organisation territoriale est souhaitable.

En Normandie, des grands mouvements se dessinent. On prendra l'exemple de la Seine-Maritime. Une course au gigantisme est engagé dans le domaine des regroupements d'agglomération.

Déjà, en 2007, la Communauté de communes Caux vallée de Seine a vu le jour. C'est un Etablissement public qui regroupe administrativement les trois Communautés de communes du canton de Bolbec, Port-Jérôme et Caudebec-en-Caux-Brotonne.

En 2009, dans la région rouennaise, la CREA, la Communauté de l'Agglomération de l'Agglomération Rouennaise, elbeuvienne et Austreberthe est en voie de se créer. Si la procédure suit son cours, elle est prévue pour le 1 janvier 2010. Elle regroupera 500 000 habitants, 71 communes et aura un budget de 700 millions d'euros.

Dans la région havraise, en 2009, la CODAH, Communauté d'Agglomération Havraise, qui regroupe 17 communes et 250 000 habitants, avec un budget de 342 millions d'euros ( en 2008)souhaiterait s'élargir et inclure notamment la commmunauté de communes de Campagne-en-Caux (région de Goderville), de Saint-Romain-de-Colbosc... Le changement essentiel, selon la presse, est que la ville du Havre ne détiendrait plus, volontairement, que 40 % des voix.


Quelques éléments d'analyse

On assiste à une évolution rapide. La CODAH n'a été créée qu'en 2001. Il s'agissait déjà d'un changement d'échelle important à l'époque. Sans jeu de mots, on se dirige vers un "nouveau stade de coopération intercommunale". C'est la même chose pour la région de Rouen où la communauté de l’agglomération rouennaise a vu le jour en 2000. Une évolution vers le gigantisme est lancée. Cela relève d'un rapport de force politique.

L'agglomération havraise se trouverait totalement distancée par une agglomération rouennaise comprenant deux fois plus d'habitants. Il y a donc une course engagée pour obtenir une taille critique, une "taille politique critique". Les compétitions entre dirigeants ne sont pas non plus totalement absentes de ces changements.

Une anticipation des réformes territoriales est aussi engagée par ces agrandissements territoriaux programmés.

On tend à avoir des systèmes politiques qui se rapprocheront. Le fait que la ville du Havre accepte de devenir minoritaire au sein d'une future Communauté indique qu'il devient de plus en plus envisageable qu'un maire d'une commune différente prenne, un jour, les rênes de ce nouveau groupement. L'avenir se dessine... C'est d'ailleurs tout-à-fait normal que le maire d'une ville-centre ne soit pas automatiquement le président d'une agglomération.

La création et l'extension de ces agglomérations est, selon moi, un moyen assez habile de mettre fin à la multitude de communes. Bien entendu, il ne s'agit pas de propos qu'on entend habituellement. Mais, au lieu de supprimer des communes, on les regroupe pour mieux diminuer au fur et à mesure leurs pouvoirs jusqu'à les réduire à la portion congrue. Est-ce un mal ? Le but consiste notamment à faire des économies. Il s'agit de "restructurations territoriales".

Certains s'inquiétent, à juste titre, d'un risque de perte de ruralité pour les petites communes. Ils n'ont pas tort car, outre leur population, c'est aussi des terrains libres qui sont recherchés. Par exemple, transformer des champs en "quartier écologique" avec des milliers d'habitants cela s'appelle urbaniser... L'espoir demeure tout de même qu'un maire d'une commune rurale prenne, un jour, en main la destinée d'une grande agglomération. Ils demeurent souvent trop timides par manque de familiarité avec la chose et le monde politiques ou par souci de ne pas apparaître marqués politiquement. Dans ce domaine, un volontarisme plus marqué des maires des communes rurales serait souhaitable.

De grands équipements verront le jour. Une Communauté qui regroupera presque 500 000 habitants aura, par exemple besoin d'un stade géant ( 40 000 places, par exemple ) ou d'une salle immense. Verrons-nous des projets dans ce domaine ? Si de tels équipements devaient voir le jour, ils auraient à s'inscrire dans le contexte de la Normandie unie sous peine d'être redondants.

ps : cette idée d'un "stade géant" de Normandie est venue lors d'une discussion avec un bloggeur sur le lieu où sera construit le futur stade du Havre.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bonne et intéressante explication dont je partage modestement les vues.
Devant la - déjà - très considérable agglomération rouennaise il me semblerait nécessaire de sortir l'agglomération havraise (+ cantons voisins indiqués)de la Seine Maritime, en créant un véritable territoire havrais.
Cela me parait, pour L.H. plus important qu'un regroupement de la Normandie qui n'aura jamais la dynamique d'une gde agglomération.
Je remarque, quand même, des ocntradictions entre cette vision de gdes agglomérations par les experts et/ou pouvoirs publics et les maintenant traditionnelles Régions.
La Normandie unie pourrait déjà avoir du plomb dans l'aile !
Tout le problème sera de savoir combien de "politiciens" petits (même les petits ont une couleur) ou grands seront "sacrifiés" dans ces schémas.
Ce ne szera pas la moindre des difficultés !!!...........

DAN a dit…

Là j'avouerais franchement que je me sens dépassé. Déjà que je trouve l'agglomération Havraise très grande, si en plus, on y incorpore d'autres communes, il y aura perte d'identité pour chacune d'elle.
Mais vu mon âge, c'est aux nouvelles générations qu'il faut demander leur avis, moi je commence à perdre un peu pied.

Laurent a dit…

A l'heure où je prends connaissance de ton texte, je ne suis pas capable de raison garder ! Alors j'y reviendrai demain à tête reposée !

geo a dit…

Salut Jean Michel,

pas trop le temps en ce moment de surfer sur la bloggosphère Havraise...


Cependant je viens de lire ton article qui fait écho à la proposition d'extension de la CODAH.

Personnellement je suis pour le principe que le maire de la ville centre (ou la plus grosse ville) soit automatiquement le président de l'agglomération. L'inverse donne des choses catastrophiques comme à Rouen ou à Caen.


L'agglomération gravite autour de la ville centre et on pourrait difficilement imaginer le Maire de Gainneville...ou pire, de Gonfreville, diriger l'agglo havraise. C'est évident !


Sinon, pour en revenir au projet d'élargissement de la CODAH, je me demande pourquoi on ne s'ouvre pas vers la rive Sud de l'Estuaire. Nous sommes plus proches de Honfleur ou de Deauville que de Valmont.

Encore une fois, Le Havre attend beaucoup de la réunification Normande.

Anonyme a dit…

Les habitants de la rive droite de la Seine n'ont jamais vraiment souhaité s'ouvrir sur Le Havre. On est même en droit de penser qu'ils ont freiné des 4 fers pour que la population havraise (sous entendu "le populaire") vienne se mêler à la locale et à ses visiteurs habitués parisiens.
C'est fini ?
Le croyez vous vraiment ?

Anonyme a dit…

Pardon ! excuses.............
Je veux dire la rive gauche.
Je pense que vous avez rectifié de vous-mêmes !....

geo a dit…

A propos des habitants de la rive Sud de l'estuaire, mon Oncle me racontait que dans les années 80 il avait rencontré une habitante de Pennedepie (près de Honfleur) qui n'avais jamais mis les pieds au Havre. Pendant la guerre, elle disait suivre les bombardements havrais comme un spectacle sans même imaginer que des gens étaient en dessous.

Plus recemment, une nouvelle collègue de travail originaire du Calvados à découvert Le Havre pour la première fois. Une ville qu'elle n'imaginais absolument pas comme ca. Elle m'à dit qu'aupravant elle avait des préjugés sur cette ville sans même la connaitre et qu'elle aurait bien aimé la connaitre plus tôt.


Soit les havrais font vraiment peur, soit les Bas Normands ont vraiment les deux pieds dans la bouze ?

Anonyme a dit…

C'est l'ouvrier en casquette GEO qui fit toujours peur aux habitants du Sud-Seine....Le Havre, ville ouvriere trainait une réputation sulfureuse.
Pas le même monde, quoi !