lundi 4 juillet 2011

Les pavés du Havre

boulevard de Strasbourg
pavé du boulevard de Strasbourg
pavé du boulevard de Strasbourg

avenue Foch
pavé de l'avenue Foch
pavé de l'avenue Foch deuxième vue
Vue du magasin Printemps et de l'avenue René Coty
pavé de l'avenue René Coty - en face du Crédit agricole
pavé de l'avenue rené Coty - en face du Crédit agricole


"Les horribles pavés du Havre m’ont paru comme un chemin fleuri. " Balzac dans le roman Modeste Mignon.




On estime qu'il fallait renouveler, au 19 e siècle, environ un pavé par an par habitant au Havre. Les pavés de notre cité , en grès, venaient principalement de deux zones : la région parisienne et la Bretagne.


1°Les pavés de l'île de France provenaient notamment d'exploitations proches de cours d'eau (l’Yvette, la Marne, l’Oise ) ou situées dans la forêt de Fontainebleau. Le grès est une pierre très lourde, un mètre cube de grès pèse environ 2,7 tonnes. Il y avait plusieurs dizaines de sortes de types de pavés. Les "platines", par exemple, étaient les pavés qui servaient au pavage des trottoirs. Il existe des carrière de grès ouvertes aux touristes en France ou en Belgique ( Géromont près de Liège). On y découvre comment on fabriquait les pavés.


2° Les pavés de Bretagne et précisément de la ville de Erquy dans les côtes d'Armor. Au large de ce port, au nord, il y avait un gisement de grès silicieux entre le fort de la Latte et le port d'Erquy. Ce matériau avait des teintes variées "entre le rose et le vert tendre". La première de ces teintes serait la dominante. A titre personnel, j'ai remarqué que certains vieux pavés du Havre avaient effectivement de magnifiques couleurs.


Avant la Seconde Guerre mondiale, les cargos à vapeur venaient chercher à Erquy les pavés et les rapportaient au Havre mais aussi à Rouen. La Société des carrières de l'Ouest s'occupait notamment de ce trafic( avec le navire le Sapho par exemple). De manière étonnante, des "cargos de 100 tonneaux "La Seine", le "Cherbourg", le "Granville" du Havre, le "Pomelin" de Paimpol et le "Constant" de Rouen, venaient livrer du ciment pour la construction de la seconde génération des villas d'Erquy" (source : recherches historiques de Roland Blouin, président de l'association Sainte-Jeanne).


Les pavés bretons avaient la réputation de durer deux fois plus longtemps que ceux de la région parisienne. Le pavé d'île de France durait 33 ans et celui d'origine bretonne 50 ans. Les roues des véhicules et les pieds des chevaux les abîmaient fortement. Les pavés devaient avoir, en général, 23 centimètres de côté. Il s'agit d'une indication intéressante car beaucoup de pavés du Havre n'ont pas cette dimension. L'usure a t-elle provoqué cette diminution de taille ?


Afin de pallier les problèmes de détérioration, certains ingénieurs, en France, tentèrent, au 19 e siècle, d'introduire des pavés de bois. Il y eut des échecs. Le bois ne résistait pas aux inondations. A la fin du 19 e siècle le pavage en bois se développa tout de même. De grandes artères à Paris reçurent un pavage en bois ( rue de Rivoli, avenue de l'Opéra...) mais ce procédé fut de moins en moins employé avec l'apparition de nouvelles techniques. Le pavage en bois des rues a-t-il existé au Havre? Il n'en reste aucune trace et il faudrait consulter les archives des conseils municipaux pendant plusieurs dizaines d'années pour mieux connaître ce sujet.


Finalement, le pavé de granite, plus solide, finit par remplacer le pavé de grès. Surtout, le développement de l'automobile, après la première Guerre mondiale, poussa à l'utilisation de bitume et d'asphalte. Ce dernier paraît plus facile d'entretien et moins bruyant que les pavés.


Les pavés servaient à éviter la boue dans les rues. Ils permettaient d'éviter de salir les vêtements. Ils empêchaient l'eau de stagner et les maladies de proliférer. Les pavés permettent de limiter les risques d'inondation en cas d'orage. Il faudrait en tenir compte dans notre ville qui, dans un passé récent, a vu un certain nombre de rues sous l'eau. Les pavés jouent aussi un rôle de régulation thermique non négligeable en assurant un rafraîchissement naturel en été et en conservant la chaleur plus longtemps en hiver.
D'après la Commission royale des monuments et Sites de Belgique, "ce matériau s’inscrit parfaitement dans l’objectif de développement durable : sa longévité est pratiquement illimitée ; les pavés sont réutilisables et se prêtent à une gestion de stocks ; leur mise en oeuvre permet des interventions ponctuelles (canalisations diverses) et des réparations aisées sans mobiliser de grands moyens. "Cependant, le pavage implique une main d'oeuvre qui coûte cher car il s'agit d'un travail de précision.


J'avais lu sur un site internet que des pavés du Havre avaient été placés sur des terrains le long de la Côte d'Albatre, non loin du Havre, afin de s'en débarasser au moment de la Reconstruction. Ce serait ces pavés qu'on verrait à basse mer le long de la falaise et qui arriveraient, après plusieurs décennies, au fur et à mesure vers Le Havre. N'ayant aucune information fiable à ce sujet, je mentionne cet élément recueilli avec les plus grandes réserves et sans la moindre confirmation historique. Pour l'anecdote, un cabaniste a recueilli de nombreux pavés venus de la mer et a constitué une véritable terrasse devant sa cabane de plage de manière originale.


Pour conclure, on dit parfois que la France, après 1968, se revêtit de nombreuses chaussées de goudron afin que la population ne puisse utiliser des pavés comme armes ! Plus sûrement, la domination totale de l'automobile incita à rendre lisses les voies. Rouler sur du pavé produit, en effet, des vibrations que ressentent le conducteur et les passagers; Au Havre il y avait bien plus de rues avec des pavés il y a encore trois décennies. Même si plusieurs raisons militent contre leur retour, il convient de réfléchir à de nouvelles utilisations des pavés. Demain, le quartier Saint-François pavé et piétonnier ? Demain, une rue-témoin du 19 e siècle dans le secteur Saint-Anne avec un pavage élégant ?


A suivre...

12 commentaires:

DAN a dit…

Dis donc tes photos ont subi une cure d'amaigrissement sur les bords.
Blague à part, les rues pavées certes c'est très esthétique mais du point de vu bruit c'est pas ce qui ce fait de mieux. Alors repaver certaines rues je ne suis pas contre, mais celles où il y a de la circulation automobile alors la c'est une autre histoire. Étant assez vieux pour avoir connu le Havre avec ses nombreuses rues pavées je peux te dire que coté bruit c'est infernal. Pour s'en convaincre tu n'as qu' a aller là où il en reste et où la circulation est importante tu te rendra compte que pour les riverains c'est tout simplement l'enfer, et tu le sait bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions.......

phyll a dit…

d'accord avec DAN !!
par contre recycler ces pavés pour en faire des murets (ça existe déjà) ou des voies piétonnes, oui, pourquoi pas !

jmh a dit…

Merci pour ces commentaires qui ont leur importance. Les projets de pavés seraient plutôt à réaliser dans le cadre de rues piétonnes. J'ai l'impression qu'on roulait autrefois en voiture sur les pavés du boulevard François Premier. Si quelqu'un se souvient ?

François a dit…

Jean-Michel,

En vélo et à pied les pavés ne sont pas trés agréables surtout les gros pavés de grés comme dans la rue escarpée. Concernant les pavés en bois, ils étaient trés silencieux mais aussi trés glissant en cas de pluie. Au Havre, il existe aussi pour les trottoirs un pavage avec une sorte de carrelage blanc et noir que l'on voit dans certaines vieilles rues.

DAN a dit…

@JMH
Oui je me souviens des pavés du bld François 1er, ils étaient comme ceux de la rue de Paris ou de l'avenue Foch !

jmh a dit…

Merci Dan. Je me disais bien aussi qu'il y en avait dans mes souvenirs... C'est dans le quartier de Leure - je trouve- où il y avait le plus de pavés nombreux et inégaux.

DAN a dit…

@JMH
Va voir dans la portion de la rue Dumont d'Urville, près du quai de Saône, tu sera servi au point de vu pavés à l'ancienne !

geo a dit…

Le pavé de chaussée est une espèce en voie de disparition. En 2012 il ne restera guère que la rue de Paris à conserver ses pavés partiellement goudronnés.

Effectivement, le Bvd François Ier était entièrement pavé, il n'y a pas si longtemps que ca si j'en crois le CITE MAGAZINE de 1994.

Par endroits, les trottoirs du centre ancien disposent comme le dit justement François, de pavés plats. Celà créer une ambiance chaleureuse, surtout lorsqu'il pleut.

Aujourd'hui avec les aménagements liés au tramway on retrouve dans de nombreux endroits des pavages de trottoirs et des franchissements destinés à limiter la vitesse.
Prochainement nous devrions voir des pavés sur la plate forme tramway (entre les rails) et du pavage style "parvis du Printemps", tout autour de l'Hotel de Ville et du Volcan.

Au passage, lors des tournages en studio de Quai des Brumes en 1938, l'ambiance des rues pavées havraise à été fidèlement reproduite comme le prouve cette photo: http://www.lpce.com/trauner/images/platdesbrumesb.jpg

GL a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
jeff a dit…

Je connais bien les anciennes carrières de grès des coteaux de l'Yvette que vous évoquez on les trouve au niveau d'Orsay, Villebon, Saulx les Chartreux. Ces coteaux sont aussi sablonneux bien sur et ils constituent à présent des lieux de promenade. Rappelons aussi Fontainebleau et son grès. La carrière d'Orsay par exemple fournissait les pavés pour la ville de Paris. Quant au Havre je me souviens de ces gros pavés que la pluie rendait redoutables pour les utilisateurs de 2 roues et plus encore quand existaient encore des rails de tramways. Bonne journée.

Anonyme a dit…

Pourvu qu'on garde un maximum de rues pavées !
Ca donne un vrai charme aux rues (qu'on ne retrouve plus dans les autres villes), et ce n'est pas aussi bruyant qu'on le dit pour justifier les travaux confiés aux bitumeurs (j'y vis). Qu'on arrête ce lissage et cette aseptisation permanente de la ville.
Qu'on arrête aussi de mettre des bouts de trottoirs partout, avec des bordures venues de Chine (on n'en fait pas en France, et le transport n'a pas de coût ni de bilan carbone). Et qu'on arrête de se moquer des Havrais en leur infligeant un chantier de 10 mois (!) juste pour refaire les trottoirs en bas de l'avenue Coty

harel a dit…

cherchez sur google " nouvelle prison du havre" vous trouverez mon article sur le sujet et le lien vers la revue où on montre des photos de la prison.