L'idée de "cité industrielle linéaire" tire son origine de la pensée d'un espagnol Soria qui pensait qu'elle "ne serait rien d'autre que la forme de la rue conférée à toute forme de développement à l'échelle locale aussi bien que continentale ". L'espagnol Soria proposa, en 1882, une cité linéaire qui se présentait comme une « rue indéfiniment extensible » de 500 mètres de large, organisée en un axe longitudinal comportant les voies de circulation (chemin de fer, route, tramway, eau, gaz, électricité…), les services municipaux, les parcs…, autour duquel se répartissaient des zones orthogonales regroupant l'habitat (maisons et jardins standardisés), les espaces de loisirs, les équipements publics, industriels, commerciaux… Ce modèle qui respectait l'environnement devait permettre de « ruraliser la ville et d'urbaniser la campagne ». Le Corbusier s'inspira de Soria et d'un architecte soviétique, Milioutine, pour envisager la création d'une "cité linéaire industrielle ".
Le Corbusier développa pendant la Seconde Guerre mondiale l'idée d'une cité linéaire industrielle qui s'opposait à la ville radio-concentrique. Il l'imaginait " allongée le long des voies de communication canalisées en fuseau ". Des cités-jardins "scandaient " la cité industrielle. Le Corbusier s'était inspiré pour ce projet de la Tennesse Valley Authority, un des projets de New Deal mené à bien par Roosevelt pour résoudre la crise de 1929. Il est intéressant de constater que le projet d'aménager la vallée de la Seine de manière gigantesque, au début du 21 e siècle, correspond également à une période de crise.
Le Corbusier connaissait Le Havre où il était allé en novembre 1920 afin, selon sa correspondance, de " démêler une affaire embêtante ". Pour contrecarrer les desseins d'aménagement de la Seine de Le Corbusier, Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction, affirme à Le Corbusier, en février 1945, que ce n'est pas possible car il a déjà confié le projet de reconstruction du Havre à Auguste Perret.
Ces éléments entraînent les conclusions suivantes :
- Rendons à César ce qui appartient à César. Le Corbusier est, historiquement, celui qui a envisagé un élement linéaire de développement entre Le Havre et Paris.
- Les projets gigantesques de transformation de l'axe de la Seine du 21 e siècle trouvent écho dans les réalisations de la rivière Tennesse dans la première moitié du 20 e siècle. D'une crise à l'autre?
Je me suis basé sur différentes sources pour rédiger ce texte bref. La politique d'aménagement du territoire d'Eugène Claudius-Petit, par Benoît Pouvreau, est notamment à lire. Cliquez ici.
Ma position sur ce sujet : cliquez ici, cliquez ici.
13 commentaires:
Paris, jusqu'à Rouen, c'est "presque" déjà fait, le long de la Seine et sur les plateaux voisins.
Pour Le Havre, cela sera plus long, un siècle encore ?....mais cela semble inévitable car l'économique court toujours plus vite que le politique.
Difficile de contrecarrer efficacement une voie naturelle.
Paris à 1 heure du Havre
Ce sera déja bien !
Sous l'empire, Napoléon prévoyait Le Havre comme port de Paris !
Dans les années soixante, les futurologues prévoyaient une seule ville du Havre à Paris en l'an 2000.
Dépêchons-nous le retard s'accumule !
Les futurologues exposent
et l'histoire dispose !
Attention au syndrome du titanic ou les méfaits de la technique poussé au maximun !
On comprend difficilement que des gens s'obstinent à vouloir affranchir Le Havre, et le tenir éloigné, politiquement, économiquement, "ethniquement" de son arrière pays au moment où la Normandie réclame sa réunification. L'arrière pays havrais est à 200 km et plus, bien plus,et en arc de cercle...Le Havre n'est normand qu'en apparence, puisqu' en plus, Rouen et Caen vont se disputer la suprématie normande exclusive, au nom de l'Histoire bien plus que de l'économie ou de la géographie du siècle en cours et de celui à venir.
L'avenir du Havre est national et international, d'abord !
Une seule agglomération entre le Havre et paris ? Quelle horreur !
Non..........l'"agglomération", certainement pas au sens propre, mais des ensembles urbanisés-paysagés proches ayant chacun leur vie et reliés entre eux, autour de centres de production ou commerciaux.
C'est bien amorcé !
Horreur ou pas, nous ne connaîtrons pas et nos descendants s'y feront, en y participant, de préférence (par leur "citoyenneté"). Il faut évidemment subir la démographie, - et si possible la maîtriser -, et accompagner le "modernisme" que l'on précède rarement....
Nous ne pouvons pas que célébrer le passé ! même si on se sent si bien sur ces blogs.
Bon laissons ça à nos enfants alors, en espérant qu'ils ne critiqueront pas trop les choses que l'on aura faites en leur nom !
Par rapport aux commentaires précédents, il est vrai que l'urbanisation entre Le Havre et Paris, c'est déjà plus ou moins fait. Certaines boucles de la Seine restent magnifiques. Pour combien de temps ? Contrairement à tous les " beaux discours " qu'on entend, les décideurs ne pensent qu'à supprimer les espaces naturels...
Quant à ce qui est "inévitable", j'ai des doutes sur la portée de ce terme. Je pense, comme François, que l'Histoire dispose. Je ne pense pas que l'économique court toujours plus vite que le politique. Par exemple, la création de la Chambre de Commerce de l'Estuaire n'a pas encore vu le jour... Les blocages sont à tous niveaux : politiques, économiques, culturels.
Ma vision, assez classique, est que la Politique doit dominer l'Economique. Mais chacun essaie de courir plus vite que l'autre.
Les relations entre la Politique et l'Economique sont pour le meilleur et pour le pire.
Pour la question de Rouen et Caen, je partage, avec certains amis du site internet de l'Etoile de Normandie, qu'il faut une capitale tripolaire : Caen, Le Havre, Rouen.
Améliorer les relations avec Paris, notamment les transports ferroviaires avec Paris : oui.
Diluer Le Havre dans un vaste magma banlieusard : non.
Dans les régimes dits "liberaux" que nous connaissons, il est visible que le politique court (ou se tient) derrière l'économique, et même lorsque ce dernier fait du sur-place ou régresse !
C'est dans la nature même du Libéralisme : laisser faire et poser des rustines !
Salut Jean Michel,
à propos du grand Paris, à tu acheté le dernier spécial LE POINT: "LE HAVRE UNE VILLE D'AVANT GARDE"...on y parle du Grand Paris.
Visiblement toutes les personnalité havraises intérrogées (gauche ou droite) semble vouloir ce Grand Paris...
Personnellement je reste très septique sur le projet GRUMBACH, mais pas foncièrement contre l'idée de coolaborer avec la région parisienne
Il y a une forme de démagogie dans le projet proposé par Grumbach : approuvez-le et vous aurez 55 minutes de transport entre Le Havre et Paris en train. Qui pourrait être contre ? Les havrais qui soutiennent ce projet s'illusionnent lorsqu'ils pensent que Le Havre aura une place de choix dans un Grand Paris. Il n'y a que le port qui intéresse les autorités centrales. Quant aux habitants du Havre... ils seraient vite réduits à des banlieusards de cinquième couronne !
On peut souhaiter que la durée des trajets en train diminue sans vouloir que Le Havre se fonde dans un Grand Paris tentaculaire.
Le projet de Grand Havre dans une Grande Normandie implique que nos regards se portent enfin sur Caen et Rouen. Il vaut mieux avoir des rivales q'un maître ! En plus, il faudra bien que ces vieilles concurrences disparaissent...
Le magazine pourrait interroger, dans un autre article, ceux qui sont contre le Grand Paris englobant Le Havre. Ce serait une bonne idée !
PLOUCS ou BANLIEUSARDS?
LE GRAND PARI DE GRUMBACH :
NON au DEMANTELEMENT de la NORMANDIE!!
Le projet GRUMBACH propose ni plus ni moins de transformer ROUEN et LE HAVRE en BANLIEUES du GRAND PARIS: sur les 182 pages du projet que nous avons lu, RIEN sur la Normandie en tant que telle et ses villes réparties de part et d'autre du val de Seine et sur le littoral! PAS UN MOT sur la Normandie alors que l'équipe Grumbach se gargarise de pompeux concepts sur l'identité territoriale!
C'est le GRAND PARIS qui avale l'aval sans l'aval des Normands: c'est la captation d'une Normandie "utile" urbaine et industrielle de 40km de large et de 200km de long au seul profit de l'agglomération parisienne et ses 12 millions d'habitants! et qui laisse de côté les "Ploukistan" normands... C'est le retour à de vieilles lunes centralisatrices et technocratiques qui confondent intérêt national et intérêt parisien (ex: le plan Delouvrier de 1965 pour la SDAU de la basse Seine qui consistait, après avoir coupé la Normandie en deux régions administratives, à prolonger l'urbanisation parisienne jusqu'au Havre... tout en placant en Normandie les industries SEVESO que l'on ne voulait plus dans le Nord ouest parisien...)
Qu'il faille restaurer la Seine dans son rôle de grand fleuve de communication pour préserver et mettre en valeur l'environnement on est bien d'accord. Qu'il faille préserver et conforter la place du Havre dans son rôle de premier port français face à la concurrence d'Anvers et de Rotterdam on est d'accord! Que Fernand Braudel ait dit que Paris souffre de sa position trop terrienne, ce grand historien avait raison: mais c'est oublier aussi que Fernand Braudel disait aussi que ce n'est pas parce que des villes sont alignées sur un littoral ou le long d'un fleuve qu'elles forment un réseau ou une unité géo-historique cohérente!
Monsieur GRUMBACH et ses acolytes CONFONDENT LA GEOGRAPHIE AVEC LES CARTES DE GEOGRAPHIE! à défaut de connaître suffisamment l’histoire normande et française...
La Normandie, les villes de son triangle métropolitain Caen, Rouen et Le Havre, ses territoires et ses habitants qui subissent déjà l'actuel statut de "vase d'expansion" ou de "banlieues des banlieues" a une relation évidente avec PARIS mais NORMAND(E)S , NOUS NE VOULONS PAS ET NOUS NE VOULONS PLUS D'UNE RELATION EXCLUSIVE ET DE SOUMISSON à PARIS!
Le Havre ce n'est pas QUE le port océanique de Paris et la "porte océane" n'est pas visible des "Champs Elysées" c'est aussi et SURTOUT, l'avant-port européen: l'objectif d'une réunification normande à venir et de la création d'un réseau métropolitain normand (Grumbach est-il au courant?!) c'est précisément de désenclaver la Normandie vis à vis de Paris et de faire le contournement Nord-Ouest/ Sud-Ouest de Paris
L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions: le projet GRUMBACH est en l'état un PROJET DANGEREUX car ignorant la géopolitique la plus élémentaire entre territoires dominants et dominés, il est tout simplement ... Naïf!
Le 14 juin 2009, le collectif Bienvenue en Normandie, groupe citoyen et républicain mobilisé pour la défense de la Normandie et sa nécessaire réunification sera à Paris, devant le palais de Chaillot et la cité de l'architecture pour dénoncer la MENACE GRUMBACH qui plane sur les villes et territoires de la Normandie.
Le collectif "Bienvenue en Normandie"
Certains redoutent que le Havre devienne la banlieue de Paris mais n'est-ce pas une manière pour eux d'imposer Caen ou Rouen au détriment du Havre ?
Caen, Le Havre et Rouen devraient former une capitale multipolaire. C'est à cela que devraient s'attacher les responsables politiques. On remarquera que le projet englobe aussi Rouen. Ils sont donc les plus menacés "sur le papier". Je ne doute pas qu'ils réagiront !
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