C'est le 22 avril 1895 que Félix Faure visita le fort de Sainte-Adresse. Découvrez ici le compte-rendu de son passage.
" Au cours de ses nombreuses réceptions, le Président de la République avait dû promettre d'aller rendre visite au fort de Sainte-Adresse et voilà qu'il allait, pour la première fois de sa vie, manquer à une promesse? Non, cela ne serait pas. Il partait à deux heures, il est vrai; bien des occupations le retenaient jusque-là; bien des adieux à faire aux amis les plus chers, à la famille; qu'importe ! Il irait à Sainte-Adresse puisqu'il l'avait promis.
Et le voilà parti à 7h12 avec le général Tournier et quelques personnes de sa suite. A 8 heures toquant, les tambours battent, les clairons sonnent, la Marseillaise retentit; il entre au fort où il est reçu par M le général Chambert, tandis que tous les officiers saluent de l'épée.
On sait combien le Président aime le soldat, quel plaisir il prend à l'interroger familièrement, à s'informer de ses besoins. N'est-ce pas lui qui, tous les matins, à l'Elysée, va visiter la garde, porter aux uns des cigares, aux autres de bonnes paroles ? Il a fait de même au fort de Sainte-Adresse en visitant les chambrées, et quand il s'est retiré il comptait cinq cent amis de plus...autant que de soldats.
Mais quel spectacle l'attend au moment où il va descendre la côte et où il embrasse d'un regard cette magnifique rade du Havre, ce port et cette mer verte qu'il va quitter tout-à-l'heure non sans regret; pourquoi cette foule qui se presse sur les jetées; quel est donc ce grand bâtiment dont on distingue très nettement, sous le soleil, le pavillon tricolore au grand mât et le drapeau anglais au mât de misaine ? De loin arrivent affaiblis les accents du God Save The Queen et comme un bruit assourdi de hourras ! C'est l'Australia qui quitte le port du Havre en échangeant les saluts d'usage. Les marins anglais sont à l'avant sur la lisse; les soldats sont à l'arrière; les uniformes rouges se détachent de loin sur le fond bleu du ciel. Au moment où éclate l'hymne national, ils poussent trois : Hurrah ! retentissants; le sémaphore salue à trois reprises avec le drapeau; l'Australia répond par trois saluts du drapeau anglais.
A quelques centaines de mètres de la terre, il présente le flanc et tire la salve de vingt et un coups de canon pour le salut à la nation; le dernier coup tiré, le Jean Bart, au large, lui répond par un nombre égal de coups; la musique joue le God Save The Queen.
L'Australia hisse le signal d'adieu et accentue sa marche.
La foule et les notabilités présentes au sémaphore se sont découvertes et là-haut, sur la côte, le Président de la République les a imités, tandis que son état-major saluait de l'épée et que la Marseillaise éclatait simultanément au fort de Sainte-Adresse et sur la jetée.
En photo : l'Australia (n°1) et le Jean Bart (n°2).
1 commentaire:
Salut Jean-Michel,
J'ai un livre sur le voyage de Félix Faure au Havre en 1895, je vais regarder ce soir si il y a d'autres détails !
Amicalement
François
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